OUBLIE-moi Bordel

2007, 13 ans. Ma première fois - sur un réseaux social. Au fil des années, mes premiers textes, mes premiers amours, mes soirées adolescentes, mes coup de gueules féministes et mes peines, je les ai numérisé, les ai rendu accessibles à tous, connus et inconnus. J’ai transformé mon vécu analogue, fait d’hormone en d’autres signaux électriques. Je l’ai mis-en ligne sur la toile ; monde artificiel dans lequel évoluent les émotions humaines.

   Des années plus tard je tentais avec peine de supprimer les photos une à une de cette plateforme, torturée entre la disparition de ma mémoire digitale et le besoin d’une vie privée. Finalement je renonce, je ne peux pas accepter la disparition des mes souvenirs, je ne peux pas renier mon identité numérique, elle est bien mieux que mon moi réel, je ne veux pas être oublier.
   

Et même après avoir cliqué maintes fois sur le bouton corbeille, je ne suis pas sûre que ces photos aient disparues. Sûrement ont-elles survécu dans quelques Data Centers. Des bribes infimes de pixel de mon enfance hantée par les arbres et les contes portés par le vent, ont trouvé leur place dans le réseau numérique.

Et si le réseau numérique était plus proche de notre chair, de nos nerfs, de notre humanité que nous le pensions? Serait-il l’occasion d’inventer une autre manière de nous retrouver, de nous organiser ? Peut-être y a t’il une tendresse à découvrir au cœur du numérique ?